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Fable : LES TROIS FRÈRES ET LEUR DESCENDANCE

17

novembre

triade divine

Il y avait une fois un homme qui avait trois fils : Abraham, l’aîné, Jésus, le cadet, et Mohamed, le benjamin. Cet homme aimait pareillement ses trois fils, mais déplorait qu’ils ne s’entendent jamais : ils étaient tout le temps en train de se disputer. Abraham était jaloux et coléreux, né en premier, il voulait toujours commander. Jésus était d’apparence douce, il voulait être aimé, mais forçait les autres à le faire et reprochait beaucoup à Abraham ses colères et son incapacité à l’accepter. Quant à Mohamed, le dernier, il était plein de ressentiment à l’égard des deux autres et les accusaient sans cesse de trahir le père et de ne pas lui être fidèle. Il pensait que même s’il était le dernier né, c’était lui le préféré du père.

Le père était très triste de voir que ses fils ne s’entendaient pas.

Un jour il leur dit :

« Je suis vieux déjà, viendra un temps où je ne serai plus là, mais regardez : je vous laisse un endroit magnifique, une forêt majestueuse avec de nombreux animaux, un lac avec des poissons multicolores et des oiseaux bariolés, un jardin plein d’arbres remplis de fruits avec une belle terre à leurs pieds où poussent des légumes délicieux et très variés. Bien sûr, tout cela demande beaucoup de travail et beaucoup de soins pour que vous puissiez en recueillir toute la richesse, aussi vaut-il mieux que vous vous unissiez pour en profiter, car en restant chacun de votre côté vous n’y parviendrez pas. »

Mais les fils ne l’écoutaient pas, et finirent par se retirer chacun dans un coin du grand domaine que leur avait laissé leur père. Ils refusaient de se parler et interdisaient aux autres l’accès à leur territoire. Abraham s’était complètement retiré dans un petit coin dont les autres parvinrent à le chasser, il se mit à errer sur le domaine de son père sans trouver de logis. Les deux autres, Jésus et Mohamed ne cessaient de se faire la guerre et de prendre le territoire de l’autre. Chacun estimait que l’ensemble du domaine lui appartenait et ne voulait y voir aucun des autres frères. Chacun accusait les deux autres d’être responsables des malheurs qui lui arrivaient.

Chacun des frères se maria et eut des enfants. Mais tout continua à la génération suivante. Les fils de chacun se disputaient entre eux. Les deux fils de Mohamed se firent la guerre et s’isolèrent chacun dans un coin du domaine. Les enfants de Jésus passaient leur temps à se battre, l’un s’estimait le meilleur, l’autre protestait qu’il avait au contraire oublié le message de son grand-père, et le troisième assurait qu’il était le seul vrai petit fils et que les autres étaient des traitres. Les enfants d’Abraham ne s’entendaient pas plus, mais se cachaient par peur des attaques de leur cousins.
Et cette constante zizanie se poursuivit au cours des générations suivantes. Le vieux père finit par mourir de chagrin de voir ses fils, puis ses petits-fils, et les fils de ses petits-fils incapables de s’entendre. Mais sa mort ne changea rien, bien au contraire, chacun prétendait encore plus être son authentique descendant, le seul garant du message qu’il leur avait adressé. Les disputes étaient continuelles.

Un jour, un des petits-fils des petits-fils en eut assez, il dit à ses cousins et à ses arrières-cousins : « cela suffit ces disputes incessantes au cours desquels chacun croit détenir la vérité vraie. Notre arrière-arrière-grand-père nous a donné ce domaine en partage et nous a dit de le faire fructifier et regardez ce qu’il est devenu : il n’y a presque plus de poissons dans le lac, ni d’animaux dans la forêt, la terre de notre jardin devient de plus en plus aride, les arbres fruitiers sont épuisés. Et tout cela à cause de toutes ces disputes où chacun veut être le roi du monde et prétend être meilleur que l’autre et le plus aimé d’un grand-père que je n’ai même pas connu, pas plus que vous d’ailleurs, un grand-père qui devrait être bien malheureux maintenant de voir ce que nous sommes devenus. Il est temps d’unir nos forces, de faire taire nos divisions et de travailler dur à remettre le domaine en état. Ce n’est plus notre grand-père qui est important, c’est ce qu’il nous a laissé, le fruit de son travail, et c’est de cela dont il nous faut prendre soin. »

Beaucoup étaient d’accord, mais l’un des cousins, un lointain descendant de Mohamed, un homme violent et obstiné, prit son sabre et coupa la tête de celui qui venait de parler en disant aux autres : « soyez maudits, ceux qui osez parler sans respect de notre grand-père bien aimé ! »

La plupart des cousins baissèrent la tête de tristesse. Ce cousin qui avait dit que leur terre était en mauvais état avait raison, bien sûr, mais pourquoi ses propos avaient-ils entraîné sa mort ? Ils ne comprenaient pas et tentèrent longtemps de comprendre. Ils essaient toujours.

 

Moralité : il est bien plus facile de diviser que de chercher à unir, mais si tu aimes diviser, ne t’étonne pas du résultat.

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