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Qu’est-ce qu’une psychanalyse ?

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QU’EST-CE QU’UNE PSYCHANALYSE ?

 

(cette fiche répond à certaines questions posées sur la psychanalyse mais est loin d’être exhaustive et ne remplace en rien la connaissance que l’on peut avoir de cette discipline en l’ayant soi-même pratiquée)

 

Définition

La psychanalyse est  à l’origine une méthode psychothérapique inventée par Sigmund Freud (il parlait de « cure ») un neurologue viennois, à la fin du XIX° siècle pour soigner des troubles mentaux, en particulier ceux que l’on appelle les névroses.

 

Un peu d’histoire

Freud invente la technique analytique après avoir observé la façon dont Charcot, un grand neurologue français, soignait à l’aide de l’hypnose les troubles hystériques. L’hypnose, une des premières psychothérapies, agit en plaçant le patient dans un état d’esprit particulier au cours duquel il est possible par la suggestion de provoquer ou au contraire d’enlever ou d’atténuer certains symptômes psychiques, en particulier les troubles hystériques (atteintes physiques reproduisant des troubles neurologiques de type paralysies, anesthésies, crises diverses, etc., sans lésion organique), mais aussi les troubles phobiques, les manifestations anxieuses… L’hypnose facilite aussi la remémoration de souvenirs enfouis et ignorés du malade lorsqu’il est conscient.

Freud remarque que certains de ces souvenirs enfouis (il dira : « inconscients ») ont un lien étroit avec les symptômes dont souffre le sujet et que leur remémoration permet parfois de faire disparaître les symptôme en question. Mais il est gêné par la méthode employée pour le faire, l’hypnose, estimant que l’influence du médecin sur la malade est trop forte (et méconnait celle que le malade exerce parfois sur le médecin à son insu) et qu’il est préférable de permettre au malade de retrouver consciemment les souvenirs inconscients : les bénéfices de cet état de fait lui paraissant alors plus durables.

Il va donc mettre au point une méthode thérapeutique qui favorise cette remémoration qu’il appelle « talking cure » : cure par la parole. Le patient est en position semi allongé sur un divan, tourne le dos au thérapeute, cette disposition devant faciliter la prise de conscience, la capacité associative du sujet et favoriser, à l’aide de l’analyste, les retrouvailles avec des souvenirs, des émotions, des scènes anciennes jusque là oubliés, mais dont l’action inconsciente est en lien avec les souffrances présentes du patient.

La méthode psychanalytique va dès lors se diffuser dans toute l’Europe et bientôt dans le monde entier. Elle donnera lieu à des aménagements et des courants divers et va s’imposer au milieu du XX° siècle comme LA méthode psychothérapique par excellence au point de dériver à un moment de son histoire en une sorte d’idéologie quasi sectaire, sinon totalitaire. Car la psychanalyse n’est pas seulement une méthode de psychothérapie, elle est un courant de pensée, voire une éthique, renvoyant l’homme à des forces obscures (l’inconscient) qui le dépassent et le forcent à rester modeste à l’égard de ses paroles et de ses actes. Elle a suscité de nombreux travaux de nature philosophique, littéraire, anthropologique et ouvert l’exploration de la psyché humaine… De nos jours, la psychanalyse a perdu beaucoup de terrain, reste controversée et attaquée, mais elle subsiste et constitue, à mon sens, un recours précieux, en particulier quand d’autres méthodes psychothérapiques n’ont pas bien marché.

 

Comment faire une psychanalyse

La psychanalyse repose sur deux piliers principaux : l’exploration de l’inconscient et l’analyse du transfert.

-       L’exploration de l’inconscient. Ce que cherche l’analysant (celui qui se soumet à la méthode analytique), c’est à explorer la dimension inconsciente de sa vie psychique. Sans l’aide de l’hypnose, les voies d’accès principales à notre inconscient, selon Freud, sont constituées par les rêves, les lapsus et autres actes manqués, et les multiples situations de la vie quotidienne où l’on se surprend soi-même.  Ces évènements et situations seront analysés avec soin grâce à l’association libre (parfois appelée « règle fondamentale »), c’est à dire par le fait de se laisser aller à penser avec le moins de retenue possible, et de mettre ces pensées en parole adressées à l’analyste. Ainsi un rêve n’est intéressant et « analysable » que par les pensées et les associations d’idées qu’il suscite chez l’analysant. Ce travail constitue le quotidien des séances de psychanalyse.

Le rôle de l’analyste est de favoriser cette liberté de parole et l’exploration de la dimension inconsciente de la vie psychique qu’elle véhicule, parfois aussi de l’interpréter, il n’est pas d’entretenir un dialogue avec son patient trop centré sur sa vie consciente et réelle. D’où le fait que l’analyste est relativement silencieux, ce silence devant être une incitation à pousser l’exploration de la psyché sans s’attarder sur les évidences et les banalités, sans non plus, par des conseils ou des prescriptions, couper court à la  libre association du sujet. Le but est de mieux reconnaître où se situe le désir de chacun ; c’est à dire à travers les méandres d’une vie : nos intentions profondes, nos exigences, nos interrogations fondamentales ainsi que les pièges relationnels où nous avons trop tendance à nous laisser attraper.

-       L’analyse du transfert. Tout au long des séances, l’analysant fait part à l’analyste de ses découvertes les met en relation avec sa vie actuelle, le sollicite, lui demande son avis, le prend à témoin. Ce mouvement qui va de l’analysant à l’analyste est appelé transfert et renferme toute la nuance des sentiments que le premier éprouve pour le second. Or, depuis le début, Freud s’est efforcé d’établir que le transfert n’est qu’en grande partie la répétition des premières relations que l’analysant a établi avec ses proches (souvent ses propres parents) et que l’exploration de l’inconscient ressuscite. L’analyse du transfert est donc fondamentale pour la compréhension de la vie psychique de l’analysant et, partant, de sa vie actuelle.

Faire une analyse, nécessite comme pour une psychothérapie (voir la fiche à ce sujet), motivation, curiosité, capacité de partager sa vie psychique avec autrui, temps et énergie. Une analyse requiert un investissement certain : plusieurs séances par semaine sont recommandées ainsi que suffisamment de disponibilité.

 

Le choix de l’analyste

Comme pour le psychothérapeute, un analyste ne peut se contenter de se déclarer analyste même s’il a fait lui même une analyse, fait nécessaire mais non suffisant. Son appartenance à une école de psychanalyse où il est inscrit constitue une référence mais pas une assurance de compétence (il en va de même de bien des professions). Lors de la première rencontre, l’analyste étudiera avec vous le bien fondé de votre demande d’analyse et proposera sans doute des « entretiens préliminaires » afin que chacun puisse au final décider de poursuivre l’analyse ou au contraire y mettre un terme.

Même si les choses ses sont un peu calmées ces dernières années, il existe de nombreuses écoles de psychanalyse en France qui ont tendance à se faire la guerre entre elles pour des motifs tenant plus à la personnalité de leurs dirigeants qu’à des différences d’école marquées. Encore une fois, l’analyse vaudra plus par l’expérience et la pertinence clinique de l’analyste que par son inscription dans telle ou telle chapelle analytique.

 

Indications

A l’époque de l’hégémonie analytique certains praticiens se sont imaginés que l’analyse pouvait s’attaquer à tout type de souffrance psychique y compris les troubles les plus graves, et d’aucuns se sont même mis à proclamer qu’ « en dehors de l’analyse, point de salut ! », alors que Freud lui-même avait émis des doutes sur l’universalité de la méthode dans tous les types de troubles.

Force est de constater que pour des raisons évoquées ci-dessus, la psychanalyse ne s’adresse pas à tout le monde et ne doit certainement pas être considérée comme l’unique traitement face à des troubles mentaux graves comme le sont la schizophrénie, l’autisme, certaines formes profondes de dépression… D’autant que dans certains cas la règle analytique de libre association est impossible à mettre en œuvre.

Depuis de nombreuses années d’ailleurs, bien des analystes aménagent le cadre du déroulement de la cure pour tenir compte de la gravité de certains troubles mentaux.

La psychanalyse s’adresse en premier lieu à des gens dont la souffrance psychique n’a pas dissout toute vie sociale, professionnelle et relationnelle et qui gardent suffisamment de disponibilité personnelle pour s’investir dans cette entreprise. L’indication, en dernier recours sera posée par l’analyste lui-même.

 

La psychanalyse est une invitation au voyage. A un voyage intérieur, à la découverte de son inconscient, de sa part d’ombre. Comme tout voyage, il comporte des risques. Surtout celui de changements durables qui peuvent parfois mettre à mal certaines relations, certains engagements. Il arrive que l’analyse vous mette devant des choix qui sont des choix de vie, et il peut arriver que l’on recule devant ce que cela implique ou au contraire qu’on franchisse le pas au risque d’une vie différente.

Peut-être la meilleure indication est-elle celle énoncée une fois par un patient : « j’ai commencé une analyse à un moment de ma vie où je ne pouvais plus faire autrement ».

 

 

  1. Bonjour,
    J’ai 40 ans,je suis très timide malgré tous les efforts que je
    fais. Cette souffrance me fait replier sur moi.Connaissez-vous des méthodes à part le théatre et le sport qui peuvent m’aider? merci(je suis célibataire)

  2. Bonjour
    pardonnez mon retard à vous répondre. Vous devriez vous faire aider par un psychotherapeute ou au moins prendre contact avec l’un d’eux et lui exposer vos difficultés. Cordialement TV

  3. Bonjour,
    Je voudrais connaître la source de l’illustration de la page qui représente les portraits conjugués de S. Freud et de J. Lacan, en particulier qui en est l’auteur(e)et l’année de création ?
    Cordialement

  4. Bonjour
    ce tableau a été fait à ma demande par mon oncle Gérard Vincent maintenant décédé, dans les années 90
    Cordialement

  5. Bonsoir Monsieur.
    Demain, je suis chargée d’informer la classe de BTS deuxième année diététique de votre conférence à Strasbourg le 7 octobre, et nous évoquerons le thème : anorexie/boulimie, névrose actuelle : comment entendez-vous cette expression, comme synonyme d’actualité ou bien de manière technique. Bref, comment préparer nos étudiant(e)s à entendre un discours neuf ?

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