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FABLE : LE COQ ET LE DIABLE

17

novembre

Diable_sur_coq

Un coq allait dans la campagne, triste et malheureux. Au détour d’un chemin il rencontra le diable qui lui demanda la raison de son humeur morose.

-       Ah ! répondit le coq, personne ne m’aime ! Quand je chante le matin, on me lance des cailloux disant que je fais trop de bruit et que je crie comme une crécelle ! Et puis les poules et toute la basse-cour se moquent de moi parce que je ne suis pas beau, mes habits sont tout gris, vraiment je suis bien trop malheureux !

Le diable lui dit alors :

-       voudrais-tu avoir de beaux habits de toutes les couleurs et bien voyants afin que tout le monde t’admire ?

-       Bien sûr que je le voudrais, répondit le coq, d’ailleurs qui ne le voudrait pas ?

-       Veux-tu chanter comme un ténor d’opéra, continua le diable ?

-       Evidemment, répliqua le coq, qui ne le voudrait pas ?

-       Alors, je vais exaucer tes vœux, assura le diable.

Mais le coq était méfiant :

-       Oui, mais que veux-tu en échange ?

-       Oh, presque rien, dit le diable, tu me donneras ta vie quand je viendrai te la demander !

-       Ma vie, mais ma vie ne vaut rien, tu le vois bien, répliqua le coq.

-       C’est bien ce que je te disais, mon ami, je ne te demande presque rien, voire rien du tout ! dit le diable.

-       C’est bon, conclut le coq, on marche comme ça !

Il tapa dans la main du diable  et décida de rentrer chez lui.

Chemin faisant, il tomba sur l’hirondelle qui lui dit :

-       Tout à l’heure tu étais triste et malheureux et maintenant te voilà gai comme un pinson, que s’est-il passé ?

Le coq lui raconta.

-       Hé bien lui dit l’hirondelle, tu es un bel imbécile ! S’il y a une chose que je ne donnerai jamais c’est ma vie. Que demanderais-je de plus ? Je vole, libre comme l’air, il y a toujours quelques petits insectes à manger, je vois du paysage et chaque année je fais un grand voyage. De quoi pourrais-je me plaindre ?

Le coq haussa les épaules et poursuivit son chemin. Quelques minutes plus tard, il rencontra la vache en train de paître dans un  pré. Pour l’impressionner, il se mit à chanter.

-       Hou ! meugla la vache, tu as fait des progrès ! Tout à l’heure tu chantais faux et maintenant on dirait Johnny Hallyday ! Que s’est-il passé ?

Le coq lui raconta.

-       Tu es un crétin, lui dit la vache, je n’échangerais ma vie contre aucune autre. Regarde comme je suis bien : j’ai un beau pré avec de la bonne herbe à ruminer, et de temps en temps, il y a un train qui passe. J’adore voir les trains passer et imaginer à l’intérieur tous ces gens qui me regardent et qui contemplent mon bonheur dans mon beau pré !

Le coq haussa les épaules et rentra enfin à la maison.

Là-bas tous ceux qui le dédaignaient hier, se mirent à l’admirer aujourd’hui, puis demain et après-demain. Les poules en étaient folles, même les canes et les dindes lui courraient après. Tout le monde voulait l’écouter chanter, tout le monde s’enchantait de ses merveilleux habits de scène. Et voilà maintenant que toutes les basse-cours du pays le réclamaient, afin de l’entendre, de le voir et de l’admirer.

Un jour qu’il se dépêchait justement de se rendre dans une de ces basse-cours où on l’attendait avec impatience, il tomba sur le diable qui lui fit un grand salut et lui demanda :

-       Alors mon ami, comment ça va ?

-       A merveille, à merveille, comme tu le vois ! Mais pousse-toi de mon chemin, car je suis en retard et il faut que je me hâte, le public m’attend ! fanfaronna le coq.

-       Ah, rétorqua le diable, c’est dommage, car maintenant j’ai un petit service à te demander, un petit rien du tout !

-       Plus tard, plus tard, répondit le coq, j’ai à faire !

-       Ça ne peut attendre, malheureusement, répondit le diable, tu te souviens de ta promesse ? Je viens te demander ce petit rien du tout dont nous avions parlé tous les deux, ce petit rien qui ne vaut vraiment rien : ta vie. Je viens à présent la chercher.

-       Plus tard, plus tard, tu m’importunes, va-t’en ! dit le coq qui n’écoutait rien.

Mais le diable se transforma aussitôt en aigle, emmena le coq surpris et dépité dans les airs, et l’on n’entendit plus jamais parler de lui.

On paye souvent trop cher sa notoriété.

La vie ne vaut rien, c’est la raison pour laquelle, elle est si précieuse.

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